Violences Sexuelles dans le Sport

Crée le: 03-06-2020
(MAJ le: 27-03-2021)


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Violences Sexuelles dans le Sport : Courage des victimes vs Omerta


 

Il y a des témoignages qui marquent, pas une carrière de journaliste. Mais la mémoire. Celle du lecteur, du pratiquant de sport, de la présidente de club ou encore de la bénévole associative. 

 

Parmi ces témoignages poignants et alarmants à la fois, celui récemment de la championne de patinage artistique Sarah Abitbol qui a su transformer sa « honte en fierté » et nous rendre fière d’elle, de ce qu’elle nous a apporté. Une contribution citoyenne et si nécessaire à notre monde. Bien évidemment, d’autres voix, d’autres écrits, d’autres vidéos ont partagé ces douleurs, dénoncé ces horreurs, tiré la sonnette d’alarme bien avant et pendant bien longtemps sur ce qui gangrène le sport : les violences sexuelles. 

 

Celles qui interrogent sur le rapport dominant, dominé, de l’entraîneur bien souvent à son élève. De l’encadrant, de l’accompagnateur qu’il s’agisse d’homme ou de femme. Des violences que l’on sait exister, que l’on sait désormais nommer mais qu’on ne semble pas capable d’affronter. Le « on », ces ont les décideurs. Parce que les victimes et leur famille, dans ce long parcours du combattant sont souvent les plus courageux et les plus déterminés. Mais ils doivent être accompagnés. 

 

La planète Sport n’est pas à l’abri, vous l’aurez compris.  C’est un lieu où les déviances prennent aussi place. Un lieu clos et qui rend la voix des victimes moins intéressante ou moins audible peut-être. Moins, jusqu’à ce que ces mêmes victimes puissent le plus.  Le plus, c’est se réveiller le matin et dire STOP. Je veux avancer, je veux exister, je veux survivre. Je vais parler. 

 

Les victimes parlent, bien souvent, dix, vingt ans après. Voire plus. 

On croit qu’elles seront écoutées, elles pensent elles aussi qu’elles vont enfin pouvoir avancer. Jusqu’à ce qu’elle découvrent la machine judiciaire, administrative, la législation qui tarde à sur témoigner l’écoute et la confiance dont elles auraient pourtant bien besoin. 

 

Mais l’information doit passer. Il faut que chacun, à sa position et avec sa fonction puisse s’allier au combat. 

Aujourd’hui, en 2020, nous devons accompagner la voix de ceux qui montre l’exemple dans le sport : humilité, détermination, dépassement de soi et vérité. Recherche de la vérité et de la justice. Respect des règles. 

Gagner en ayant tout donner. Avec audace et dignité. Nous le leur devons. 

 

Il faut savoir interpeller, interroger, dénoncer. Il faut exiger aussi des décideurs qu'ils prennent leur responsabilité. Un article de l'Equipe posté ce matin du dimanche 30 Mai évoquant une (re)mise en cause de l'actuelle Ministre des Sports Roxana Maracineanu sur la gestion du dossier des violences sexuelles dans le Sport et posant des questions sur ses relations avec le club incriminé a été supprimé. 

 

 

Que son équipe, ses proches collaborateurs se soucient de l'embarras possiblement causé par l'affaire, pourquoi pas ? Mais quand va t-on réellement se soucier des traumatismes des victimes, de leurs familles, de nos enfants envoyés en toute confiance dans des structures pour apprendre, pratiquer un sport et en sortir grandi avec des valeurs que nous pensons indispensables à la construction de la société de demain ? 

 

Le Sport n'étant pas une sphère isolée des autres, et parce qu'il est à l'image de la société, on y retrouve, je le redis, toutes ses déviances. Il faut assumer et lutter en condamnant sans polémique possible et sans aucune hésitation toutes celles et tous ceux qui sont des prédateurs sexuels et des criminels que trop souvent la justice laisse libres ou n'inquiète que temporairement et que bien trop tard. 

 

Prescription ou remise en cause de la parole des victimes, présomption d'innocence doivent imposer un traitement rigoureux sans place au doute et au hasard dans la gestion de ces affaires de plus en plus nombreuses parce que nos athlètes, nos champions lèvent la voix et partagent leurs traumatismes des années après. 

 

C'est une question de survie. N'étouffons pas une nouvelle fois ces voix enfin libres et dignes qui au nom de la jeunesse et des victimes jusqu'alors ignorées parlent, se battent et nous tiennent debout face à l'inacceptable. Stop aux violences sexuelles dans le Sport. Stop au tabou et stop à l’impunité. 

 

Que toutes celles et tous ceux aux responsabilités et ayant été de près ou de loin en lien avec ce type d’affaire, informés, saisis, répondent simplement et prennent la mesure et la gravité de l’instant présent. C’est ce regard qu’ils porteront, au-delà de leur popularité ou de leur posture, qui pourra changer le monde du Sport et envoyer un message fort et à l’unisson à tous les prédateurs qui sévissent en pensant être intouchables. Le combat doit être mené à tous les niveaux et pas avec un grenelle des violences ou une conférence avec des témoignages choc pour mobiliser les medias une fois dans l’année. 

 

Il faut respecter le travail de toutes les structures qui oeuvrent depuis de si longues années pour encadrer les victimes et les accompagner, faire que ces acteurs de terrain soient ceux qu’on mette autour de la table pour construire ensemble un mur qui brisera le silence et qui stoppera les violences. 

 

C’est de la responsabilité de toutes et tous à l’heure où le Sport a su montrer sa force et son invincibilité. 

 

@SouadSoulimani

s.soulimani@mediaspolis.tv

Commentaire


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    Sophie
    06-06-20

    Bel article ! Bravo, je partage votre propos